Arts et Lettres

Le réseau des Arts et des Lettres en Belgique et dans la diaspora francophone.

Communiqué par Deshelle le 9 septembre 2010.

 

 

Etats de couple : tu m’aimes, pour... quoi ?

Voici une composition fantaisiste de scènes de couple, tantôt acerbe, tantôt tendre, toujours humoristique à travers leur grandeur et leur décadence. L’absurde et le surréalisme plantent le décor dès la première scène … dérapage immédiat pour s’être fiés à un livre de savoir vivre plutôt qu’au savoir être. La toile de fond est faite de pure mauvaise foi. Les nuances de cette toile lumineuse revêtent les couleurs pastel de l’arc en ciel, au propre et au figuré, pour faire le tour de toutes les situations et en voir de toutes les couleurs ! Savants jeux de projecteurs, sensibles et épicés. Les liens musicaux légers et discrets sont de vrais morceaux choisis. Les scènes éclair se succèdent, les mimes, les mimiques, les rires, les pleurs, les crises et quelques abandons. On se reconnait par flash soudains d’une phrase que l’on a sûrement déjà prononcée un jour et cela chatouille le cœur.

Tout est une question d’optique et de ses illusions. Les changements de lumières, ceux des costumes nous emmènent dans le kaléidoscope amoureux, fracturé par les tâches domestiques, la télé, le boulot, les mille et une incompatibilités et hostilités rentrées. Scènes d’heurs et malheurs domestiques, puis comme un refrain de Zazie dans le Métro on se retrouve soudain avec la même scène, déjà vue, jouée de dix manières différentes, à la Raymond Queneau…. C’est comme dans la vie: ces nœuds sur lesquels on bute sans jamais vouloir changer une ligne du dialogue. Survient alors une magnifique scène de solistes - couple oblige - qui commence tout en douceur, chacun sa partition, et se termine en apothéose cacophonique aussi hilarante que brillante. Qu’ils sont beaux quand ils sont en colère, lorsque homme et femme orchestre se déchaînent! Les deux comédiens se lâchent complètement dans le pastiche de la scène d’ouverture de la Jalousie de Sacha Guitry. Bonheur d’interprétation! Colette Sodoyez est exquise ! La fin ressemble comme deux gouttes d’eau à du Guillaume Musso. Au milieu de toutes les scènes turbulentes dans la mosaïque de ce chaos organisé, on découvre… un couple enlacé dans le vitrail !


 

Quand des tas de couples sont ce qu’ils sont

Il l’appelle « Minou ». Elle l’appelle « Lapin ». Ah, là oui vraiment, ça commence bien. Et ça n’arrête pas un instant de miauler, sauter, ronronner, cavaler, dresser l’oreille, et la queue, caresser... dans le sens du poils parfois, mais à rebrousse poils surtout.

« Elle et lui », comme on n’aimerait pas être, mais que l’on est quand même, comme on aimerait être mais que l’on n’est pas, comme on sera un jour, comme on est tout court ou comme on ne sera décidément jamais... Leur rencontre, leurs engueulades, leur amour naissant, finissant, leur fausse amitié, leurs retrouvailles à la maison tous les soirs deviennent d’hilarantes caricatures expérimentales qui nous plongent comme témoin dans un laboratoire de zoo-sociologie où les exercices de styles fumants, explosifs, bouillonnants, ne manquent pas de créer de nouvelles formules et d’inventer de drôles de bêtes humaines. Le cinéma, la pub, l’opéra, la danse contemporaine, la télévision, tout y passe, à la moulinette des meilleures pâtés pour animaux étranges que sont l’homme et la femme côte à côte, face à face, l’un derrière, devant, sur ou en dessous de l’autre. Le dompteur Laurent Renard, qui porte bien son nom, a rusé d’agilité dans sa mise en scène, ronde comme une piste de cirque, une arène, un vieux 33 tours rayé, une valse lente, une tarte aux fraises, un bouton de culotte. Dans ce numéro en duo, Colette Sodoyez est une femelle tour à tour sauvage, apprivoisée, domestiquée. Elle change de peau comme elle respire, passant des poils aux plumes, des écailles à la carapace. Michel Hinderyckx est un fauve aux allures de nounours bien léché qui aime lire Picsou. Et quand ces deux ex, leur numéro bien en mains, se retrouvent, non pas aux portes du Forem comme on le croit, mais devant celles du Paradis, la gorge nous serre. Un ange passe. Ah ! C’est beau l’amour !

Céline Verlant

 

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